Quand Samhain est devenue Halloween: farces, divinations, fairies et traditions irlandaises du 31 octobre
Dans le précédent article, je vous ai raconté la fête de Samhain au temps des Celtes, fête à la fois magico-religieuse grâce au travail des druides, politique pour le roi, les guerriers et les nobles et populaire avec un festin et des jeux pour tous.tes.
Puis le christianisme s’est développé et leurs représentants ont fait la même chose qu’avec les autres grandes fêtes celtes : ils les ont remplacées par des fêtes chrétiennes. Du moins… ils ont essayé! Mais Samhain était une célébration trop puissante et, des siècles plus tard, le monde rural irlandais continue de célébrer Samhain avec des croyances et des coutumes dont le sens s’est parfois perdu. Mais, si on y regarde bien, ces traditions ne sont pas sans rappeler les grands principes du nouvel an celte.
Alors, préparez vos bagages, on part en Irlande!
De Samhain à Halloween, de l'Irlande aux Etats-Unis
Samhain, Halloween et la Toussaint: quand les chrétiens ont échoué à supprimer les traditions païennes
Comme je l’ai expliqué dans l’article sur la fête celte de Samhain, l’Irlande, la terre du bout du monde, si lointaine que les Romains eux-mêmes n’y ont pas posé la sandale, fut la dernière terre celte à être christianisée, au Ve siècle de notre ère.
Même si on lit souvent que la conversion de l’Irlande aux pratiques chrétiennes s’est faite de manière pacifique, notamment grâce à saint Patrick (celui-là même qu’on fête à grand renfort de bière au mois de mars), il n’en est pas moins vrai que les chrétiens ont eu du mal à imposer leurs croyances. Les très nombreux synodes (assemblées d’ecclésiastiques) montrent à la fois l’acharnement de l’Église catholique à éradiquer ce qui était alors considéré comme des superstitions et les problèmes qu’ils ont rencontrés pour supplanter une culture millénaire.
La technique de l’Église chrétienne pour supprimer les anciennes croyances est toujours la même : remplacer une célébration païenne par une fête chrétienne. Il a donc été tenté de transformer Samhain en jour des saints et des martyrs et de le déplacer le 13 mai: ce fut un échec cuisant. Au IXe siècle, l’Église plaça finalement son jour des saints et des martyrs le 1er novembre, lendemain de la veillée de Samhain, en y ajoutant le jour des défunts le lendemain, probablement parce que les coutumes et rituels païens à cette date étaient encore trop vivaces.
Au fil des siècles, la disparition du druidisme à cause de l’Église catholique et la disparition de l’élite de la société gaélique du fait de la colonisation anglaise ont eu une conséquence directe sur la culture irlandaise : les paysans irlandais sont devenus les seuls dépositaires de ce qu’il restait alors de la tradition celte. Les coutumes et les rites, issus d’une mémoire qui se perd peu à peu, se sont perpétrés pendant des siècles, en partie oubliés, tronqués, parfois mal compris ou modifiés. Mais c’est ainsi qu’ils sont arrivés jusqu’à nous.
Par ailleurs, la coutume païenne, attaquée a dû se cacher et devenir occulte pour pouvoir s’exprimer. C’est pour cela que, parmi ces coutumes séculaires, on voit parfois s’inviter le Diable en personne et que certaines pratiques sont considérées comme de la sorcellerie, derniers vestiges de la tentative chrétienne pour supprimer les anciennes croyances.
L'Irlande, le pays où la culture celtique ne meurt jamais
Comme toutes les anciennes fêtes païennes, pour perdurer, Samain est donc devenue rurale, avec autant d’histoires et de traditions qu’il y a de régions et de villages en Irlande. À tel point qu’il existe une dizaine de noms en irlandais pour la désigner et une quarantaine en anglais. La traduction anglaise la plus connue est Hollow’s Eve (« Veille des saints »), contractée en Hallowe’en, qui a bien sûr donner notre moderne Halloween.
La Samhain post-celte a beau être rurale, elle a gardé bien des traits de la fête celte, comme on le verra tout au long de cet article.
Pour la petite histoire, lorsque le calendrier julien a été adopté en 1752, les célébrations païennes ont été décalées dans certaines régions d’Irlande. Pourquoi? Parce qu’il y a onze jours de décalage entre le calendrier julien et l’ancien calendrier grégorien. La réforme a pris du temps à être assimilée, du coup Samhain est célébrée à une date qui peut aller du 31 octobre au 11 ou 12 novembre selon les régions d’Irlande et, qui plus est, sous un nom différent (« Hollantide day », « All Souls Nights », « Oidce Samain » etc.)!
Jusque dans les années 30, Samain était encore l’une des principales fêtes de l’année, plus importante même que Noël!
Le monde rural irlandais est donc dépositaire des traditions celtes mais peut-être aussi d’une culture immémoriale. En effet, Samhain semble faire partie d’un cycle qui correspond bien plus à la vie pastorale qu’à la vie agricole. Fin octobre est une période bien particulière : c’est la descente des pâturages, le retour des bêtes dans les plaines et à l’étable, descente qui, parfois, se fait par étape et commence le 1er août qui est également une fête païenne celte (Lughnasad). Les animaux commencent à ressortir au 1er février (Imbolc) pour définitivement repartir en transhumance le 1er mai (Beltaine). C’est pourquoi des chercheurs pensent que ces fêtes dites celtiques sont en fait bien plus anciennes et dateraient d’avant les Celtes, laissant l’Irlande porteuse d’une culture millénaire.
Aller et retour aux Etats-Unis
Les rites de Samhain ou Halloween sont restés assez cantonnés en Irlande et dans le monde gaélique jusqu’au XIXe siècle. En 1845, la Grande Famine décima la population irlandaise. Les survivant.es ont furent expulsés par les propriétaires car ils ne pouvaient plus payer leur fermage, ce qui les encouragea à émigrer aux États-Unis. Ils emportèrent avec eux leurs coutumes et leurs fêtes traditionnelles. Samhain fut peu à peu adoptée par les autres colons américains mais surtout pour les jeux. C’est comme ça que, petit à petit, la fête d’Halloween s’est centrée sur les enfants, même si l’atmosphère irréelle et surnaturelle de la fête préchrétienne s’est maintenue.
Voilà qui nous permet de remettre les pendules à l’heure: Halloween n’est pas une fête américaine. D’un point de vue historique, elle a toute sa place en France, territoire celte où l’Église catholique a bien plus facilement remplacé les anciennes fêtes qu’en Irlande. Toutefois, son passage outre-Atlantique, il faut bien l’avouer, a un peu plus vidé Samhain/Halloween de son sens.
Retournons donc dans la campagne irlandaise pour découvrir comment on y fête Samhain.
Halloween en Irlande: la chaleureuse fête familiale du 31 octobre
Samhain / Halloween dans le calendrier rural: les restes de la nouvelle année celtique
Dans le monde rural irlandais, même si la nouvelle année officielle est celle du calendrier chrétien, Samhain/Halloween correspond toujours, dans les faits, à la fin de la saison claire celte, saison d’activité agricole intense qu’Halloween vient clore.
Samhain est le moment où les contrats (de fermage, de location) arrivent à termes, c’est le moment de payer.
Comme on l’a vu, c’est la fin de la transhumance. Dans la tradition, le bétail doit être rentré avant Samhain. Les bœufs et les veaux nés pendant l’été et qu’on ne garde pas sont vendus lors de grandes foires, dont le caractère social exceptionnel dans les petits villages de la campagne irlandaises rappelle l’importance des assemblées celtes. C’est le moment des « louées », les grandes foires d’embauche où les travailleurs temporaires comme les laboureurs qui ont fini leur demi-année viennent chercher du travail, à l’année ou à la saison.
Les récoltes doivent absolument être rentrées avant Halloween, notamment les pommes de terre qui risquent de geler. Il en va de même pour le blé. Le bois et la tourbe, utilisés pour le chauffage, doivent aussi être remisés avant cette date.
Une fois les travaux d’extérieur terminés, les instruments doivent être minutieusement nettoyés au feu et mis de côté jusqu’à la saison prochaine.
On ramasse les dernières baies et on vend les pommes de terre, les navets et autres produits dans les marchés, très nombreux à cette période.
La date butoir du 31 octobre pour ces activités est très importante, on le verra ensuite. C’est le début d’une période d’oisiveté forcée (la météo et le terrain en Irlande ne permettent pas les activités agricoles d’hiver). Mais c’est surtout un moment de célébration. Le rude travail est fini et les bergers, partis en transhumance depuis Beltaine, sont revenus. C’est le moment de se réjouir, de partager et de profiter des fruits de la nature qu’on a récoltés !
Le repas traditionnel irlandais d'Halloween
Halloween n’a rien d’une fête lugubre ou macabre. Bien au contraire c’est un moment de partage. À tel point que la coutume appelée geis oblige à accueillir les gens dans sa maison, sous peine de n’avoir plus de toit au prochain Halloween.
Le repas de Samhain est très attendu et particulièrement soigné, même dans une Irlande rurale très pauvre.
Parlons un peu du menu. Le plat principal est le colcannon (« Champs chou »), traditionnellement à base de chou haché avec des oignons et des poireaux mélangés dans du petit lait, un plat très apprécié aussi à Lugnasad, où l’on célèbre les premières récoltes. Lorsque la pomme de terre a été introduite en Irlande, elle a été ajoutée dans à ce plat traditionnellement cuisiné en purée dans un pot dans lequel on mange parfois collectivement. Servi très chaud, on y creuse autant de puits qu’il y a de convives et on y verse du beurre. Les convives extérieurs à la famille amènent souvent leur propre cuiller pour manger le colcannon.
On mange également des galettes à base de pommes de terre dont le nom diffère selon les régions: « stampy », « rasp », « sowan », ou « pan cakes »! On les déguste salés (mangés chauds avec du beurre) ou sucrés (bouillis et mangés froids).
Halloween est également une des rares occasions de manger du gâteau, plus précisément le barmbrack, sorte de pudding aux raisins, au fruits secs et confits et aux épices. Les plus aisés mangent du dumpling, un gâteau de pommes enrobés ou bien encore une tarte aux groseilles ou aux mûres.
Halloween est aussi la fête des pommes et des noix, qui décorent la maison et qu’on offre aux enfants.
Si vous vous souvenez de l’histoire de l’ivresse chez les Celtes dont je vous ai parlé dans l’article précédent, vous devez avoir deviné qu’on ne fait pas que manger à Halloween, on boit aussi ! Mais le whisky familial, la « poteen », a remplacé le vin, bien trop cher. On en boit jusqu’au matin, avec sa famille, ses amis, ses voisins.
Et la viande me direz-vous? Les Irlandais sacrifient souvent une oie ou une autre volaille. Le fameux porc du festin celtique a disparu du menu. Les circonstances historiques qui ont contraint les Irlandais à se nourrir quasi exclusivement de pommes de terre et de lait pendant plus de trois siècles en sont sans doute la cause.
Ce repas, bien que joyeux, est aussi très cérémoniel, car en lien avec les morts de la famille, nous le verrons plus loin.
Mais surtout, il garde un lien bien particulier avec le festin celte de Samhain. Le chou est ce qu’on appelle un légume indigène c’est-à-dire qu’il a toujours poussé en Irlande. On lui prête des vertus importantes qui n’ont rien a voir avec sa capacité nutritionnelle: c’est en effet un symbole d’abondance et de prospérité, contrairement à la pomme de terre qui, depuis la Grande famine de 1845, est un symbole de pauvreté. Le chou est tellement important qu’il est utilisé à Halloween pour les farces et la divination!
Le repas traditionnel Irlandais, très largement partagé, est, avec les activités de la soirée et la veillée, un moment idéal pour courtiser ou se faire courtiser, car les travailleurs saisonniers et les bergers sont tous rentrés ! A Samhain, il est de coutume que les couples fiancés se marient et que ceux qui s’étaient promis l’un à l’autre à Lughnasadh (1er août) concluent leur engagement. Eh oui! Halloween est un moment important pour les engagement amoureux et les mariages. C’est même l’un des principaux sujets de cette fête. Étonnant non?
De maison en maison : la tradition des processions et les "masques"
Les processions de maison en maison sont l’une des traditions les plus ancrées de la veillée d’Halloween, coutume tellement forte qu’elle est encore visible dans la version venue des États-Unis avec la procession des enfants qui font du porte à porte pour réclamer des bonbons (« Un bonbon ou un sort! »).
Dans l’Irlande traditionnelle les jeunes vont de maison en maison et demandent à entrer pendant que leurs camarades restent dehors à faire des farces. Ils sont reçus dans la cuisine et jouent de la musique, récitent des vers ou posent des devinettes. En récompense, on leur offre des pommes, des noix, du beurre, du pain, de barmbrack traditionnel ou des pièces de monnaies.
L’autre procession est celle des masques. Les enfants et adolescents sont déguisés en vieilles personnes ou en mendiants. Les filles se déguisent en garçon et inversement. On se griment aussi en personnages surnaturels : fairy, púca, fantôme ou « homme de paille » avec du foin tout autour du corps. Ces derniers, appelés « straw boys« , ont la particularité d’entrer dans la maison des couples fraîchement mariés pour leur jeter de la paille, selon un rituel dont on considère qu’il a une vertu de fécondité. Après la procession, les « masques » se réunissent dans une grande ferme, chantent et dansent jusqu’au matin. Les masques sont réalisés à la main, à partir de sacs dans lesquels on a fait des trous pour les yeux et la bouche et sur lesquels on a éventuellement dessiné une moustache (Le National Museum of Ireland en possède quelques uns)
Ils parcourent ainsi la ville ou le village dans ce qui se veut être, à travers leurs farces, une imitation du púca (ou pooka), être nuisible dont nous reparlerons. Les farces sont d’autant plus cruelles pour celles et ceux qui leurs refusent l’entrée de leur maison !
Les masques portés ont souvent un lien avec la mort, cette mort qui est fêtée et crainte à Halloween, car autant porteuse de vie (étonnamment) que de désastre.
Traditionnellement, ces adolescents qui vont de maison en maison sont particulièrement bruyants. Mais cela aussi fait partie du rituel !
Protéger la maison et accueillir les morts
De nombreux rituels d’Halloween servaient à se protéger. Se protéger de quoi? Un peu tout: du púca, des fairies, mais aussi de la maladie. On a coutume de dire que quelqu’un qui tombe malade à Halloween le sera pendant les quarante jours qui suivent. Sans oublier que novembre a toujours été considéré comme le mois des maladies dans un pays où, pendant longtemps, la pauvreté mettait les organismes à rude épreuve, que ce soit celui des humains ou celui des bêtes dont la vie des premiers dépendait.
Pour se protéger donc, on confectionnait parfois des croix de saint Brigid (habituellement réservée aux célébrations d’Imbolc en février) tressées en paille ou en jonc ou des « noeuds des moissons« . On suspendait les croix aux murs, aux portes ou à l’étable pour protéger les bêtes. Le « Harvest knot » était placé à la boutonnière.
L’utilisation de bougies est un autre rituel encore très fort et sans doute hérité de l’importance du feu de la Samhain celte. Allumées lors d’un moment solennel par un des membres de la famille, ces bougies pouvaient personnifier les membres de la famille décédés. On en allume aussi pour les morts qui n’ont plus de famille et on les place à toutes les fenêtres de la maison.
Dans les cimetières, les têtes des pierres tombales et les murs d’enceinte sont aussi éclairés de bougies pour montrer le chemin aux morts. Car c’est bien là le cœur de cette célébration : le lien aux morts. Vous vous souvenez que, selon les Celtes, le voile entre l’Autre Monde, demeure des dieux et des morts, et le nôtre est très fin à Samhain? C’est sans doute là la croyance la mieux conservée. Dans l’Irlande traditionnelle, on considère qu’à Halloween, les âmes quittent le Purgatoire, cet espace où les âmes, selon le christianisme, vont pour un temps afin de se purifier avant d’aller au Paradis. Les morts rendent alors visite à leur famille. Les bougies servent à les guider jusqu’à la maison… et jusqu’au ciel.
Ces bougies ont une autre utilité. Installées dans les cimetières ou dans les lieux considérés comme le repère des fairies, elles servent à délimiter leur espace afin que ces êtres surnaturels et craints ne rentrent pas dans les maisons.
Ces bougies étaient parfois placées dans un navet sculpté en forme de crâne, coutume qui se transformera plus tard en sculpture de citrouilles, activité que nous connaissons bien.
Ces bougies servent donc de lien entre les vivants et les gens du Sidh (l’Autre Monde), qu’ils soient fantômes ou êtres surnaturels.
Púca , Banshee, revenants, dieux et fairies : quand 'Autre Monde nous rend visite
Mais c’est quoi cet Autre Monde exactement ? Pour en trouver l’origine il faut plonger dans la mythologie celte lors de la bataille opposant les fils de Mile (humains, ancêtres des Gaëls) et les Túatha dé Dannan (peuple mythique de divinités). Les fils de Mile furent victorieux, mais les Túatha dé Dannan, maîtres de la fertilité, les forcèrent à négocier en les privant de moissons et de lait. C’est ainsi que les deux parties sont arrivées à un arrangement et un partage du territoire irlandais : aux fils de Mile est revenue la partie supérieure de l’île, fertile, et aux Túatha dé Dannan sont revenues les parties non fertiles, les îles sous la mer ou les lacs (nombreux en Irlande), les îles lointaines, les grottes, les tertres naturels et les tumuli mégalithiques. Tous ces espaces sont alors devenus la demeure des dieux, le Sidh. Toutefois, les tertres, grottes, les tumuli etc. sont faciles à trouver en Irlande, il y en a partout ! Alors quand le Sidh s’ouvre à Samhain, le contact avec l’Autre Monde est d’autant plus facile qu’il se trouve souvent à deux pas du village…
Le retour des morts à la maison
Dans la tradition irlandaise, l’Autre Monde est autant la demeure des dieux que celle des créatures surnaturelles et des morts en général. Cela explique que les croyances mélangent parfois tout ce beau monde !
Mais revenons à nos morts qui eux-mêmes reviennent le soir d’Halloween rendre visite à leur famille. On parle de fantômes ou « d’oreilles des morts » qui se trouveraient sur le sol de la maison ou sur les chevrons (les morts qui reviennent sur les chevrons est une croyance assez étrange mais très répandue). On dit aussi que les morts se penchent entre les chaumes du toit pour appeler à l’aide. C’est assez peu réjouissant mais rappelez-vous qu’avec l’influence du christianisme, la croyance veut que les âmes sortent du Purgatoire le soir d’Halloween, elles demandent donc de l’aide pour monter au ciel, d’où les bougies etc.
La légende veut que les personnes enlevées par les fairies – les êtres surnaturels – ne peuvent revenir que le soir d’Halloween.
La croyance au retour des morts est si forte qu’on demande aux enfants de ne pas battre des mains de peur de frapper un esprit. C’est la raison pour laquelle la plupart des jeux, ce soir-là, se font les mains attachées dans le dos pour éviter un malencontreux accident.
À l’intérieur de la maison, on prépare tout pour l’arrivée des morts de la famille. La maison est nettoyée, on allume les bougies aux fenêtres pour les guider jusqu’à la maison, on ne ferme pas la porte à clé, des chaises sont placées près du feu et on leur laisse de la nourriture (reste de colcannon, cruche d’eau, pain) ainsi que de petites attentions comme une pipe remplie de tabac pour les accueillir. Si on ne prépare rien, on risque d’attirer le mauvais œil sur la maison.
Traditionnellement, on jetait l’eau sale par la fenêtre pour s’en débarrasser tous les jours de l’année. Mais le soir d’Halloween, c’est formellement interdit: on risque d’arroser l’un de nos ancêtres ou pire, une fairy qui passait par là et pourrait bien se retourner contre nous!
Au matin du premier novembre, il est de coutume de regarder si la nourriture laissée pour les morts a été touchée et s’il y a des traces de pas dans les cendres de la cheminée, lieu de prédilection pour le retour des morts.
Tous ces préparatifs ne sont pas seulement destinés à aider les morts. Aussi étrange que cela puisse nous paraître, une croyance millénaire, validée par les recherches archéologiques, veut que les morts soient symbole de fécondité. Accueillir correctement les gens de l’Autre Monde revient à garantir la prospérité de sa maison.
Samhain/Halloween garde, par cet aspect de fécondation, ce lien avec la fête celte qui garantissait la régénération de l’année.
Loin des contes de fées: les imprévisibles fairies
Ah, les fairies… Je vous en parle depuis le début de cet article. Mais pourquoi garder le terme anglais pour désigner ces êtres surnaturels ? Sans doute parce qu’ils n’ont rien à voir avec l’idée que l’on se fait des fées, influencés que nous sommes en cela par les contes, sans parler de Disney! Pas de marraine la bonne fée ou de fée clochette ici. Les fairies, qu’on appelle aussi « the Good People » ou « the Wee People », qui sont parfois difficiles à dissocier des morts, sont des créatures puissantes qu’il ne faut déranger sous aucun prétexte au risque de provoquer leur colère ce qui conduirait au mieux à votre disparition, au pire à la mort.
Les fairies sont protéiformes. Le feu follet Will O’ the Wisp, la Dame Blanche, le Púca, la Banshee, les Leprecauns (sorte de lutins à chapeau rouge et veste verte), Jack O’ lantern ou encore le cavalier sans tête sont tous et toutes des fairies. On dit qu’il y a plus de fairies malfaisantes à Halloween qu’à May Day (Beltaine).
Elles habitent des « forts », terme générique qui recouvre une multitude de réalités. Ce sont des chateaux (« Dun »), des cours (« rath »), des fossés (« lios »), des tertres. Encore une fois, on trouve ces lieux partout en Irlande, difficile de les éviter. Ils sont cernés de haies, de talus herbeux ou même de murs de pierres. Leur enceinte est sacrée, ainsi que tout ce qui y pousse, de même que les chemins des fairies, qui relient les forts entre eux, tout comme les « collines aux fées » ou encore les arbres qui poussent seuls dans un espace vide car ces arbres sont connus pour abriter des fairies. Quand je vous disais qu’il était difficile de les éviter!
Les paysans ont l’habitude de leur donner des offrandes (gerbes de blé et lait) pour apaiser les mauvaises intentions de ces êtres parfois vindicatifs. Mais, s’il est difficile d’éviter d’interférer avec eux en règle générale, c’est presque impossible le soir d’Halloween!
Eh oui, car les fairies sont de sortie le soir du 31 octobre! Elles sortent surtout pendant ce qu’on appelle « l’heure morte de la nuit », entre minuit et 1h du matin. Il ne faut surtout pas traverser un fort à ce moment-là ! Il y a en effet une grande agitation dans le monde surnaturel pendant cette soirée. On peut y entendre, des chants, de la musique ou des lamentations. Certains disent même avoir vu les fairies jouer au hurley (sport collectif irlandais)!
Durant la nuit d’Halloween, il est d’autant plus facile d’entrer en contact avec des fairies que celles-ci déménagent! Elles changent de forts et empruntent pour cela les fameux chemins des fairies. Mais si jamais elles rencontrent un mortel sur la route, elles sont contraintes de retourner dans leur ancienne demeure. Elles pourraient alors avoir envie de se venger et croyez bien qu’en Irlande, personne ne souhaite provoquer leur colère car leur spécialité, c’est l’enlèvement, et particulièrement l’enlèvement de jeune fille, d’enfant, ou de bébé. À la place du bébé volé, les fairies placent un substitut qui joue l’enfant mais n’est pas vigoureux et ne peux pas parler. Si vous avez déjà vu la série Outlander, dont une partie se déroule au XVIIe siècle, cette histoire doit vous être familière puisque l’échange d’enfant (ou changeling) y est mentionné. Cela montre à quel point ces croyances sont ancrées dans le monde celte et gaélique (Ecosse comprise). Selon les légendes, les personnes enlevées le sont jusqu’au Halloween suivant. Si les vivants ne peuvent les retrouver ou si les captifs ne peuvent s’échapper, ils restent définitivement avec les fairies.
Parfois, l’enlèvement est de courte durée. Ainsi, les fairies organisent des batailles le soir du 31 octobre. Chacun doit avoir un mortel pour gagner. S’il obéit bien, ce dernier sera libre au matin et recevra les cadeaux qu’il désire.
L’enlèvement est la moins pire des punitions. Car si les humains outrepassent les interdits, les fairies peuvent rendre fous ou tout simplement tuer les mortels. Certains de ces êtres surnaturels sont d’ailleurs des présages de mort comme le cavalier sans tête ou la Banshee (si vous les voyez, c’est trop tard pour vous!)
C’est pourquoi les mortels font tout leur possible pour éviter de croiser les fairies le soir d’Halloween. On dispose de la nourriture pour elles à l’extérieur de la maison et de la laiterie afin de les dissuader d’être méchants et on leur garde la plus belle gerbe de blé. On évite soigneusement de passer près d’un « fairy thorn bush » (une aubépine des fées). On ne coupe pas un arbre solitaire ni la moindre petite branche près d’un fort.
Plusieurs légendes circulent sur la manière d’échapper aux fairies comme traverser un ruisseau frontalier, mettre un grain d’avoine sur sa tête quand on sort pour éviter la « fausse faim » (une faim dévorante qui en aurait amener certain à manger jusqu’à leurs lacets de souliers!). Pour se déplacer d’une maison à l’autre, on prend avec soi un charbon ardent et un fil de fer, ce métal ayant la vertu d’éloigner les fairies.
La christianisation de la fête n’a pas effacé toutes ces légendes et croyances, elle n’a fait qu’ajouter des détails ou changer les personnages puisque, évidemment, le Diable est aussi de sortie le soir d’Halloween!
Mais revenons à deux des plus importants fairies d’Halloween: le Púca et la Banshee.
Pooka, Will O' the Wisp et Jack O' lantern
En Irlande, Halloween est considéré comme la fin de tout ce qui pousse, car, à cette date, les fairies font le tour de l’île et détruisent tout. Le pire de tous, c’est le Púca (ou Pooka).
On ne sait pas trop à quoi il ressemble. Dans les vieux contes, il est un cheval, un poney, un âne, un chien ou encore une chèvre. Certains s’accordent à dire que c’est un animal cornu, comme un taureau ou alors une bête un tiers mule, un tiers cochon, un tiers boeuf! Certaines légendes racontent qu’il s’agit d’un cheval très doux qui prend le mors aux dents dès qu’on essaie de monter sur son dos et qui jette son cavalier dans un roncier, plante associée au Diable.
Au début de cet article, j’ai indiqué que tous les fruits devaient absolument être ramassés avant le 31 octobre, vous vous souvenez? C’est parce, la nuit d’Halloween, le Pooka s’amuse à souiller les fruits restants. Oui, il défèque dessus, littéralement. D’ailleurs, on a l’habitude de montrer les fruits pourris et tachés aux enfants après cette date pour leur expliquer qu’ils sont destinés uniquement aux fairies.
Si jamais on rencontre le Pooka et qu’on refuse de lui parler, il nous enlève dans une chevauchée cauchemardesque pour nous laisser, au petit matin, là où il nous a trouvé, épuisé. Si on lui parle, il nous lâche sur le champ. Si vous vous trouvez en Irlande la nuit du 31 octobre, sachez que le cri d’alerte pour signaler le Pooka est « Who at a pooka »!
Le Pooka est si spécifique de cette nuit d’Halloween qu’il est devenu un terme générique pour désigner un fantôme, un esprit, le Diable ou Will O’ the Wisp le feu follet ou encore Jack O’lantern.
En parlant de ce fameux Jack qui a donné naissance aux sculptures de navets puis de citrouilles, le conte qui narre sa rencontre avec le Diable a vraisemblablement été transformé par la christianisation. Lui et Will O’ the Wisp étaient probablement une seule et même personne et même, à l’origine n’étaient-il probablement pas des personnes mais des feux follets. Toutefois, la légende la plus connue qui raconte comment, refusé par le Paradis comme l’Enfer, Jack fut condamné au Purgatoire pour l’éternité reste dans la tradition du retour des morts à Halloween puisque, rappelez-vous, c’est le moment où les morts du Purgatoire viennent demander de l’aide aux vivants pour rejoindre le ciel, où Jack O’ lantern ne parviendra toutefois jamais.
La Banshee : la Dame Blanche irlandaise
Banshee signifie littéralement « femme du Sidh ». Cette femme fairy, appelée aussi « Dame blanche » ou « Dame du voyage » est un présage de mort: elle apparaît lorsqu’une mort est imminente, souvent sous la forme d’une corneille. Accompagnée par des lamentations, on la voit souvent en train de peigner ses cheveux.
La Banshee est un des personnages principaux du folklore irlandais… depuis les celtes! On l’appelle aussi Morrigú. Si vous êtes calés en mythologie celte, vous aurez reconnu celle qu’on nomme Morrigan ou Macha, déesse de la guerre qui joue un grand rôle dans de nombreuses batailles mythiques. La déesse Morrigan est également connue pour sa capacité à se métamorphoser en de nombreux animaux, mais, là encore, la corneille reste sa forme préférée. Comme toutes les messagères du Sidh, Morrigan vient avertir de la mort prochaine ou vient prendre un mortel dont le Sidh a besoin ce qui la rapproche d’autant de la Banshee.
L’image de la Banshee a perduré, notamment à travers d’autres formes comme celle des Lavandières de nuit de la légende bretonne éponyme. Malheureusement, si elle est toujours crainte, la Banshee n’est plus honorée.
Farces, jeux et divinations: les traditions magico-religieuses de la veillée d'Halloween
Trick or treat: les farces d'Halloween
La nuit d’Halloween, en marge du repas, des préparatifs d’accueil des morts et de protection contre les fairies, les plus jeunes se livrent à des farces pour embêter les grognons du village ou ceux qui n’ont pas donné d’offrandes aux « masques ». Toutefois, détruire étant signe de malchance, les farceurs évitent de toucher aux récoltes, bien trop précieuses.
Vous vous souvenez que le chou est un légume très important à Halloween? Eh bien on l’utilise aussi pour faire des farces, en les suspendant aux portes d’entrée, ou en les utilisant pour boucher les cheminées et enfumer les mauvais payeurs. Les farces sur les portes d’entrée sont légion: attacher des petits objets aux poignées de portes pour faire croire que quelqu’un a frappé, les bloquer avec des mannequins de paille pour effrayer les habitants quand ils ouvriront la porte, attacher les poignées de deux portes en vis à vis, frapper et regarder les propriétaires essayer d’ouvrir leur porte sans succès etc.
On ne touche pas aux récoltes mais rien n’empêche de jouer avec le matériel agricole : on aime bien démonter les roues des charrettes, voire complètement démonter l’engin et l’exposer sur la place du village, façon puzzle.
Enfin, creuser les navets en forme de crâne, mettre des chandelles à l’intérieur et les placer dans un cimetière est également parfait pour effrayer les gens. Si c’est une courge qui est creusée, alors elle est portée sur la tête et exhibée dans tout le village.
Toutes ces farces se sont exportées aux États-Unis avec l’émigration des Irlandais, mais les mauvaises farces étant un peu trop répandues, on les a remplacées par le fameux « trick or treat » (« un bonbon ou un sort ») dans les années 1930.
Des pommes, du feu et de la musique: les jeux de la veillée d'Halloween
Lors de la veillée d’Halloween, alors que certains font des farces à l’extérieur, dans les maisons on fait des jeux au coin du feu, après dîner.
Plusieurs jeux utilisent des produits de saison ou des éléments très importants à Halloween: les pommes, les cendres, le feu…
Prenons l’exemple du « Snap apple », encore connu aujourd’hui: une pomme est attachée à une ficelle et les enfants, les mains dans le dos (pour ne pas frapper des esprits par inadvertance, souvenez-vous), essaient de l’attraper avec les dents.
« Shaving the friar » utilise des cendres entassées en un cône dans lequel on a placé des baguettes. Les joueurs (adultes), avec une cuillère ou un couteau essaient de gratter la cendre sans faire tomber les brindilles.
Le jeu du papier enflammé, pratiqué surtout par les hommes, consiste à faire passer un papier qui brûle de main en main jusqu’à ce que quelqu’un le lâche. Le perdant doit alors porter les autres sur son dos autour de la maison.
Ils existent également des jeux à base de danses traditionnelles irlandaises: la « scarf dance » où les danseurs ne doivent pas lâcher les deux extrémités d’un foulard, la « brushing dance » où il faut danser autour d’un balai posé à terre sans perdre le rythme, ou encore la « chair dance », sorte de colin-maillard où une personne assise sur une chaise tente d’attraper les danseur.euses autour d’elle. D’ailleurs, traditionnellement, le bandeau qu’on a sur les yeux s’appelle un puicin qui vient de… pooka. Et la boucle est bouclée!
Il existe des dizaines et des dizaines de jeux de cet ordre. La plupart d’entre eux ont une particularité: ils se pratiquent en chantant, en récitant des couplets ou des sortes d’incantations. Les chercheurs y voient des restes d’anciens rituels morcelés qui ont été travestis à l’époque chrétienne pour pouvoir s’exprimer.
Il faut savoir que les jeux d’Halloween sont la réplique exacte des jeux pratiqués en Irlande lors des veillées funèbres qui visent alors à distraire le mort. Même les jeux restent en lien direct avec le sujet principal d’Halloween: le retour des morts!
Par ailleurs, ces jeux, souvent pratiqués par des jeunes car requérant adresse et vivacité, sont une réminiscence de la tradition celtique. En effet lors de Samhain, des jeux de types sportifs et compétitifs (équestres ou athlétiques) étaient pratiqués et suivis par tous. À la période moderne, les jeux devant se dérouler dans la maison et sachant que les paysans n’ont pas eu le droit de posséder de chevaux pendant une longue période historique, les jeux se sont adaptés à ce nouvel espace et à ces contraintes.
Connaître son avenir sentimental: la longue tradition de la divination à Halloween
La mort n’est pas le seul sujet d’Halloween. L’autre grande préoccupation c’est… l’amour! Cela peut paraitre étrange mais, comme nous l’avons dit, c’était un moment où les bergers revenaient des pâturages, où les travailleurs temporaires étaient de retour à la maison: les veillées d’Halloween étaient le moment parfait pour courtiser et se faire courtiser. La question essentielle que se posaient les jeunes gens et les jeunes femmes dans la société rurale traditionnelle irlandaise était : « Qui vais-je épouser? » « Quel est le prénom de mon futur conjoint » ou encore « Notre union prochaine va-t-elle être heureuse? ». De très nombreuses techniques de divination se sont développées pour répondre à ces questions, utilisant tous les symboles d’Halloween (feu, cendres, nourriture) et bien d’autres encore.
Le type de divination le plus courant est celle faite par le rêve. Si vous avez lu le précédent article sur les origines celtiques de Samhain, vous savez que cela n’est pas un hasard: le rêve était une technique de divination déjà pratiquée par les druides! Pour provoquer des rêves prémonitoires permettant de découvrir l’identité de son futur époux, on place un objet sous son oreiller (comme une pomme piquée avec de neuf épingles) ou sous le lit (comme des œufs de poule ou un bol d’eau surmonté d’un morceau de bois, placé sous la place du futur mari). Des plantes comme l’achillée (ramassée au crépuscule et placée avant minuit sous l’oreiller ou sous le lit) sont aussi utilisées. L’achillée est d’ailleurs l’élément principal de plusieurs types de divination.
De nombreuses divinations utilisent l’eau, principe aussi important que le feu pour les Celtes: les druides l’utilisaient comme un moyen de révélation, ils en étaient les maîtres et pouvaient « lier et délier les eaux ». Dans la pratique, par exemple, il est dit que si une femme lave sa chemise le soir d’Halloween et qu’elle la met à sécher devant le feu, elle rêvera de son futur mari!
Le miroir est un substitut de l’eau, il reflète et, comme dans nos contes traditionnels, il sert à prédire l’avenir. On peut regarder dans le miroir le soir d’Halloween pour découvrir le visage de son futur mari mais attention: si on ne voit pas son conjoint, on verra le Diable à la place. La christianisation ayant fait son chemin, la pratique de la divination, même si elle a perduré, fait partie de ces pratiques qui ont été par la suite associées à la sorcellerie, ce qui explique que de nombreuses divinations du soir d’Halloween se font au nom du Diable.
Beaucoup de divinations ayant lieu à l’extérieur, il faut un certain courage aux jeunes gens pour y participer comme, par exemple, aller regarder dans un puit à minuit pour découvrir dans l’eau le visage de son futur conjoint sachant que c’est le début de la fameuse heure morte où toutes les fairies se déchaînent.
Certaines divinations se font toutefois à la maison, avec la nourriture ou les produits de saison: on tire par exemple les choux (encore eux!) pour connaitre le prénom du futur époux ou ses qualités physiques et morales. On utilise des pommes pour connaître l’initiale du prénom de son futur conjoint grâce à la pelure de la peau. Les couples engagés mettent des noix dans le feu et guettent leur éclatement pour déterminer la force de leur future union (« Nut’s cracking »). Un anneau est cachée dans le barmbrack ou même le colcannon comme présage de mariage. Là encore, la tradition celte n’est pas loin: le noisetier et le coudrier étaient des arbres à caractère magique employés par les druides. La pomme était un fruit de science, de magie et de révélation, le pommier étant un arbre de l’Autre Monde, bien avant que la Bible ne s’en empare. Les fruits à pépins en général étaient considérés comme des symboles d’union et de mariage. Les retrouver dans ces ersatz de rituels magiques que sont les divinations d’Halloween n’a donc rien d’étonnant.
Il existe des divinations plus complexes à base de plomb fondu ou d’interprétation des traces dans les cendres.
Mais les divinations faites à l’extérieur restent les plus dangereuses et considérées en lien avec le Diable comme les pratiques divinatoires réalisées avec une pelote dans un four à chaux ou près d’un roncier double, plante diabolique.
Tous ces gestes accomplis au clair de lune sont autant de restes de rites celtes et préceltiques. Nombre des éléments utilisés dans ces divinations le sont aussi pour le repas traditionnel, pour les jeux et pour les farces dans des rituels qui, selon les spécialistes, font écho à d’anciens rites de fertilité dont on aurait, aujourd’hui, oublié le sens premier.
Un petit mot pour conclure ce long texte: il est difficile d’écrire un article synthétique sur le sujet. J’aurais aimé vous raconter d’autres légendes, entrer dans les détails des multitudes de divinations qui existent mais cela aurait été beaucoup trop long!
La plupart des informations citées dans cet article sont issues d’une thèse qui date des années 1970. L’autrice, Véronique Guilbert de la Vaissière, constatait déjà à l’époque la lente disparition des rituels ruraux d’Halloween en Irlande. Pourtant, L’Irlande est l’endroit où cette fête a le moins subi la christianisation. En France, on retrouve de très nombreuses coutumes de Samhain éparpillées dans le calendrier, notamment à la saint Martin le 11 novembre (les 11 jours de décalage, rappelez-vous!) et au carnaval.
La fête d’Halloween, telle qu’elle est célébrée maintenant à grands coups de bonbons et de décorations en plastique, est devenue très commerciale et ne garde que très peu d’aspects de la Samhain traditionnelle que l’Irlande a réussi, jusqu’à récemment, a conservé bon gré mal gré. Et c’est bien dommage!
Maintenant que nous avons très largement exploré l’ancienne Halloween, il est temps de se demander comment fêter Samhain de nos jours, sans tomber dans les clichés commerciaux et en faisant honneur à la signification de la plus importante fête païenne de la roue de l’année.
Rendez-vous dans l’article suivant!
En attendant, je vous laisse avec ce dessin qui nous rappelle les fondamentaux de Samain: la nourriture, la divination et la visite des morts. A retrouver dans la boutique en ligne!
Hisae
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Sources
- Véronique Guibert de la Vaissière, Les quatre fêtes d’ouverture de l’Irlande ancienne, Editions Armeline, 2013.
- Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc’h, Les fêtes celtiques, Yoran, 2017.
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