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De Imbolc à la fête de Sainte Brigid: les traditions irlandaises de la Chandeleur
Tout comme pour Halloween, l’Irlande a conservé pendant longtemps des traditions issues de la fête celte d’Imbolc, toutefois bien plus fortement revisitées et recouvertes du vernis chrétien que celles de la fête de Samhain.
Imbolc, fête sous l’égide de la triple déesse Brigid, est ainsi devenue la Chandeleur ou le « St Brigid’s day » (le jour de Sainte Brigitte), placé, vous vous en doutez, sous l’égide de sainte Brigid qui a emprunté bon nombre de caractéristiques à son homologue celte.
Malheureusement, tout comme Imbolc a quasiment disparu sous la poussée des chrétiens Lá féile Bríde, ainsi que la nomme les irlandais, a elle-même quasiment disparu aujourd’hui. Le territoire irlandais, resté très rural jusqu’au XXe siècle, avait permis aux bases de la fête celte de perdurer malgré la christianisation, mais la modernité galopante de la fin du siècle dernier a quasiment eu raison de ce morceau de patrimoine (de matrimoine, même, ai-je envie de dire).
Retour sur la fête irlandaise de sainte Brigid qui, vous allez voir, partage de nombreux points communs avec Halloween.
De Brigid à sainte Brigid de Kildare: une déesse décidément immortelle
De l'Irlande aux Caraïbes: l'histoire de sainte Brigid
La vie de sainte Brigid est l’une des plus anciennes vie de saints connues à ce jour (VIe siècle).
Sainte Brigid serait née en Irlande autour de 450. Elle était la fille d’un noble et d’une esclave mais aurait été élevée par un druide chez qui sa mère aurait été placée après que sa grossesse fut découverte. Selon la légende, la mère de Brigid aurait accouchée sur le seuil de la maison, au lever du soleil. La petite Brigid aurait été nourrie du lait d’une vache blanche aux oreilles rouges (pas la peine d’interroger Google, il ne s’agit pas d’une race de vache irlandaise mais bien d’une créature surnaturelle).
Elle a ensuite gardé un lien très fort avec les vaches. Elle gardait d’ailleurs celles du druide.
Sa vie est évidemment émaillée de miracles mais aussi d’étranges visions. On dit qu’elle aurait tissé la première étoffe d’Irlande. Elle était l’amie de tous les animaux, elle nourrissait les pauvres. Elle aurait même guéri sa nourrice en changeant l’eau en bière, reconnue pour ses vertus médicinales (j’en connais un certain nombre qui rêverait de pouvoir accomplir le même miracle…).
Refusant systématiquement toutes les demandes en mariage, elle finit par devenir religieuse. Elle fonde le couvent de Kildare, dont elle devient l’abbesse, du moins pour la partie dédiée aux femmes. En effet, ce couvent était mixte et sa direction était donc partagée avec un abbé.
Selon la légende, Brigid et les religieuses de Kildare gardaient au sein du couvent le feu sacré qui brûlait à perpétuité. Celui-ci était entouré d’une haie dont on dit qu’aucun homme ne pouvait la passer. Ce feu aurait été définitivement éteint en 1222 par le clergé pour couper court à ce qu’il considérait comme des superstitions grotesques.
Sainte Brigid aurait également fondé une école d’art où l’on travaillait le métal et l’enluminure.
Enfin, elle serait morte un 1er février autour de 520. Par la suite, Kildare est devenu un sanctuaire dédié à sainte Brigitte: on raconte que les oiseaux morts y revenaient à la vie.
L’aura de sainte Brigid et, à travers elle, de la déesse celte Brigid, a même touché les caraïbes, où de nombreux domestiques irlandais ont émigré. On la retrouve en effet sous la forme de Maman Brigitte dans les croyances vaudous.
Les animaux, l'eau, le feu: les légendes autour de sainte Brigid de Kildare
Comme pour tous les saints chrétiens, on a attribué à sainte Brigid un grand nombre de miracles.
Par exemple, on raconte que, lorsqu’elle était petite, elle coupait toujours le beurre en treize part (le beurre était une denrée très importante dans l’ancienne Irlande) et elle donnait toujours la plus grosse part à un pauvre. Un jour, elle donna tout. Quand son père l’envoya chercher le beurre, elle trouva à la place de celui qu’elle avait donnée une quantité plus grande encore.
Une autre légende raconte que le jour où elle chercha le terrain pour construire son couvent, le propriétaire lui promit de lui donner la surface de terrain que recouvrirait son châle. Une fois à terre, le châle s’agrandit jusqu’à faire la taille nécessaire au futur couvent.
Il existe bien sûr de nombreuses légendes la mettant en scène avec les animaux: des vaches, des moutons et même un renard. On dit qu’elle apprivoisait les bêtes sauvages.
On lu aurait fait subir l’épreuve du feu pour qu’elle prouve sa virginité: des braises ont été mises dans son tablier mais celui-ci n’a pas brûlé.
Il existe enfin de nombreuses légendes de guérison ainsi que des histoires en lien avec l’eau. D’ailleurs, elle aurait demandé à Dieu de recouvrir l’Irlande d’eau après sa mort afin qu’elle ne vît plus la terre où elle avait vécu. Depuis, on raconte que, quand l’Irlande sera inondée, la fin du monde sera proche. Qu’on se le tienne pour dit!
Avec tous ces miracles à son actif, notre sainte est devenue la patronne des médecins, des artistes et des forgerons. On lui a attribué le rôle d’accoucheuse de la Vierge, ce qui a contribué à lui donner un statut particulier en lien avec les femmes. D’ailleurs, la Chandeleur chrétienne commémore, entre autre, la purification de Marie après son accouchement, réalisée par sainte Brigitte. On revient à la thématique d’Imbolc: la purification. Revenons à notre sainte: on la considère comme la patronne de l’Irlande, elle était d’ailleurs placée sur un pied d’égalité avec la Vierge, saint Patrick ou saint Pierre par les Irlandais du Moyen Âge.
Toutefois, si vous avez lu l’article précédent, notamment la partie consacrée à la déesse Brigid, il ne vous aura pas échappé que la trame des ces croyances est bel et bien préchrétienne.
Derrière sainte Brigid, l'ombre de la puissante déesse celte Brigid
Pas besoin de beaucoup d’imagination pour comprendre comment les missionnaires chrétiens s’y sont pris pour convertir les Irlandais : on prend une déesse de leur panthéon, on la transforme en sainte, on lui invente des légendes qui reprennent les éléments-clés de l’histoire de la déesse et qui prennent racine dans le quotidien des gens de l’époque afin que le message passe mieux. Enfin on la fait patronne de tout ce qui était sous l’égide de la déesse. Et le tour est joué!
L’épreuve des braises, le feu de Kildare et la ferronnerie pour reprendre la maîtrise du feu de la déesse, les légendes autour de l’eau et les guérisons miraculeuses sans doute parce que les pèlerinages païens aux sources continuaient… Rien n’a été oublié!
D’ailleurs, des éléments de l’histoire de la sainte sont même directement évocateur de sa parenté avec la déesse. Celui qui l’a élevé n’était-il pas un druide? D’ailleurs, la légende fait mention d’étranges visions qu’avaient la sainte, une méthode typique du druidisme.
Le lien de sainte Brigid au feu a également été très développé dans ses légendes. Et ce n’est pas étonnant puisque c’est l’un des éléments principaux maitrisé par la déesse celte. Ainsi, la légende du feu de Kildare aurait probablement un lien avec la tradition de l’allumage des feux par les druides celtes à chaque nouvelle saison, d’autant plus que l’histoire du feu de Kildare est historiquement plus que douteuse. Encore un moyen sans doute pour les missionnaires chrétiens de coller à la légende celte pour mieux la remplacer.
Dans l’article précédent, nous avons vu que la déesse Brigid et la déesse Dana étaient sans doute une seule et même divinité. Toutefois, dans le panthéon celte « classique », Brigid est la fille de Dagda, le druide par excellence. Dans la légende de sainte Brigid, le druide est une sorte de père adoptif, mais il existe des versions de l’histoire où il est le père de la sainte.
Alors, coincidence? Non, toujours pas.
Enfin, notons ce détail intéressant de la naissance de sainte Brigid: sa mère aurait accouché sur le seuil de la maison. Ni dedans, ni dehors. Or, le seuil est un endroit important dans la culture celte et, comme nous l’avons vu à Halloween et comme nous le verrons par la suite, c’est également un endroit-clé de la maison dans les fêtes traditionnelles irlandaises. Finalement, le seuil est un bon symbole de ce qu’est la fête du 1er février, la fête d’Imbolc: un passage entre deux moments-clés de la saison sombre.
Les présentation avec Sainte Brigid étant dûment faites, on peut maintenant découvrir les traditions irlandaises du 1er février.
La veillée du 1er février: quand Sainte Brigid vient à la maison
Enfin… quand je parle du 1er février, je devrais plutôt parler de la nuit du 31 janvier. Eh oui, car, comme pour Halloween, la plupart du cérémoniel traditionnel du St Brigid’s day se déroule lors de la veillée.
Le feu des morts: les bougies du 31 janvier
Maintenant que vous connaissez la déesse Brigid et son alter ego chrétien, cela ne nous étonnera pas que le feu soit relativement important lors de la veillée. Le but est de préparer au mieux l’arrivée de la sainte, réputée pour faire le tour des maisons le soir du 31 janvier.
Les familles irlandaises allumaient pour cela des bougies, parfois jusqu’à douze. Elles étaient placées dans la maison ou portées en procession à l’église.
Comme pour Halloween, ces bougies sont en lien direct avec les morts. Elles sont le symbole de la communication avec l’autre monde, favorisée par le passage de sainte Brigid.
Lors de cette fête, les morts doivent définitivement passer de l’autre côté pour que le printemps puisse renaître.
Un symbole immortel venu du fond des âges: la croix de sainte Brigid
Si le St Brigid’s day devait se résumer en un seul symbole, ce serait celui de la croix de sainte Brigid. Comme on a pu le voir dans l’article sur la fête celte d’Imbolc, ce symbole vient probablement de croyances préceltiques et est sans doute le dernier symbole permanent de cette tradition qui s’éteint.
Cette croix, faite de joncs, de paille, de brindilles, de fils, d’herbe ou encore d’osier, était tressée le soir du 31 janvier, après le repas et suite à un rituel très codifié. Le père de famille partait couper des joncs après le coucher du soleil pour les cacher à l’extérieur de la maison. Plus tard dans la soirée, il va récupérer le fagot, fait le tour de l’habitation dans la direction du soleil (encore un reste des pratiques druidiques) puis demande à entrer et à manger. La famille lui demande alors qui il est, ce à quoi il répond « Je suis sainte Brigid ». Le rituel se répète encore deux fois avant qu’il puisse entrer avec son fagot de joncs.
Cette croix peut prendre de nombreuses formes: svastika, triskèle, losange, roue et croix entrelacées, croix latine ou grecque…
Ce symbole est réputé apporter protection contre des maux aussi divers que la faim, la maladie, le feu, la tempête, les orages, les malheurs en général, que ce soit pour les hommes, les femmes et les bêtes.
Ces croix étaient gardées toutes l’année. On récupérait parfois des morceaux de l’ancienne croix pour ajouter aux matériaux de la nouvelle. Ainsi la boucle est bouclée et le cycle peut recommencer. La nouvelle croix était portée aux quatre coins de la maison avant d’être pendue à la chaume du toit, face à l’est, en invoquant bien évidemment la sainte pour qu’elle accorde sa protection à la maisonnée. La croix de sainte Brigid a d’ailleurs commencé à disparaître quand les toits en chaume ont été remplacés. On voit encore beaucoup ces croix dans les étables, pour protéger le bétail.
Quant à l’ancienne croix, tout du moins ce qu’il en reste, elle est brûlée (le feu, encore et toujours) et ses cendres sont ensuite dispersées sur les terres, comme un symbole fécondant.
La croix de sainte Brigid est également surnommée « charme ». J’imagine que ce terme vient des autorités chrétiennes qui n’ont jamais pu totalement effacer ce symbole païen.
Si vous souhaitez en tresser une, rendez-vous sur ma chaîne Youtube, vous y trouverez une tutoriel vidéo pour fabriquer votre propre croix de Sainte Brigid!
Protéger la maison: le brat et le lit de sainte Brigid
Les rituels du 31 janvier ont un seul but: la protection de la maison, de ses habitants et des animaux de l’étable. Pour cela , il existe plusieurs rituels, parfois théâtralisés.
C’est le cas du brat. Le brat est un vêtement choisi par la maîtresse de maison. Il s’agit en général d’un vêtement (veste, écharpe, tissu, mouchoir ou simple pièce de tissu) appartenant au membre de la famille dont le métier est le plus dangereux. Le père de famille choisit une gerbe de blé qu’il habille du vêtement afin de lui donner un aspect humain. Il dépose ensuite cette poupée de blé sur le seuil de la porte arrière de la maison. Quand le souper est prêt, il annonce à la famille qu’il va chercher Brighid, car elle doit être présente à la fête. Il sort alors chercher la gerbe de blé. S’ensuit alors le dialogue suivant: » Mettez-vous à genoux et ouvrez vos yeux et laissez entrer sainte Brigid « , à quoi la famille, à l’intérieur de la maison, répond invariablement: « Elle est la bienvenue ». Le dialogue se répète encore deux fois avant que le père de famille ne fasse le tour de la maison avec la gerbe de blé et qu’il entre par la porte d’entrée. La gerbe, qu’on appelle aussi le brat, est placé contre le pied de la table pendant le souper.
Après manger, le brat est rangé après qu’on lui ai ajouté une autre pièce de tissu qui sera utilisé pendant l’année pour guérir les maux. Ce tissu aura auparavant passé la nuit à l’extérieur, accroché à un buisson ou à la poignée de la porte d’entrée. Il est destiné à sainte Brigid qui l’utilisera pour poser ses genoux lorsqu’elle s’agenouillera sur le seuil de la maison pour la bénir lors de son passage. C’est la raison pour laquelle ce tissu aurait un pouvoir curatif. D’ailleurs, si quelqu’un guérit grâce à lui, cette personne le gardera jusqu’à sa mort.
On confectionne également un lit pour la sainte avec les restes de joncs ou de paille après la confection de la croix. En guise de matelas, on y dépose les meilleurs vêtements de la famille et on le place près du feu qui brûlera toute la nuit. Parfois le lit est placé dehors, sur le seuil de la maison avec des vêtements chauds pour que la sainte ne souffre pas du froid. On laisse de la nourriture (du pain ou un gâteau) à son intention sur la table ou dehors. La nuit du 31 janvier, les portes ne sont pas verrouillées afin que sainte Brigid puisse librement entrer dans la maison.
Preuve s’il en est de l’intrication des croyances celtiques et préceltiques avec les croyances chrétiennes, tout ce qui est fait en dehors de la maison pour sainte Brigid… est aussi fait pour éloigner les fairies. Vous vous souvenez, on avait longuement parlé de ces créatures surnaturelles assez susceptibles dans l’article sur Halloween! En effet, on sait leur goût pour les enlèvements et les échanges d’enfants. Le tissu accroché à l’extérieur de la maison est réputé pour les éloigner. La nourriture sur le perron (pour laquelle la coutume veut que le premier qui passe la prenne), leur est également destinée…
D’ailleurs, on retrouve pour la veille de cette St Brigid’s day un certains nombre de croyances qu’on avait déjà rencontrées pour Halloween: le brat laissé dehors est en lien avec les forces invisibles et les morts (qui en font partie). C’est ce contact qui lui donne son pouvoir. Comme à Halloween, ces morts, qui doivent être libérés pour que le cycle continue, sont aussi porteurs de vie. On retrouve ici le principe des rites de fécondité qui avaient cours chez les Celtes.
Protéger les animaux: le crios et le buathrach
La protection du bétail, ressource la plus importante dans l’Irlande rurale traditionnelle, était une priorité, mise en avant lors du St Brigid’s day, puisque sainte Brigid était associée aux vaches, au lait et et au bétail.
Lors de la veillée, en plus des croix de joncs, on confectionnait une ceinture, le crios, sorte de corde de paille tressée dans laquelle on faisait passer le bétail pour le protéger des maladies.
On fabriquait également pour chaque bête les buathrach, des « colliers d’or » faits de paille ou de joncs ramassés en priorité près d’une rivière qui marque la frontière naturelle entre deux communes (ces fleuves-frontières ont toujours une grande importance dans les récits et le folklore irlandais). Les buathrach sont attachés à une patte des vaches qui ne font pas de lait pour les soigner.
On protège aussi les vaches avec des rubans rouges attachés à leur queue ou autour de leur cou.
Le brat, le vêtement censé avoir été touché par la sainte, était réputé pouvoir également soigner les bêtes.
Enfin, le feu joue un rôle important: on met des bougies dans l’étable (toutefois, je suis dubitative sur cette info, il me semble fort dangereux de laisser brûler des bougies dans un endroit rempli de paille…), on met des croix de sainte Brigid un peu partout dans l’étable, aux portes, aux fenêtres, parfois même aux cornes des vaches. Enfin, on fait un feu purificateur à travers lequel le bétail doit passer pour être protégé, sinon on raconte que le lait ne fera pas de beurre.
Brideóg: la procession de la Biddy
Sortons un peu du cadre familial maintenant.
L’un des temps fort de la veillée est la procession de la Biddy: Brideóg. La Biddy est une sorte de poupée de grains confectionnée par les jeunes filles quelques temps avant la fête. Il peut s’agir d’une caricature fabriquée à partir d’un bâton de baratte habillé de paille ou d’une auge de cochon déguisée, d’une grande poupée habillée de haillons, ou bien encore d’un balai affublé d’un navet ou d’un chou drapé dans une robe. Il peut également s’agir d’une effigie faite avec soin, habillée de blanc pour ressembler à une religieuse (à l’image de sainte Brigid) ou à une mariée.
La Biddy est à la fois une image symbolique de la sainte et une personnification du mal et de l’ancienne saison qui sera expulsé en fin de procession. Impossible de trouver meilleur exemple du mélange des traditions que cette Biddy à la fois sainte et symbole de ce qu’il faut éliminer.
Lors de la veillée du 31 janvier, des jeunes gens, les Biddy boys (non, ce n’est pas un groupe de rock), portent la Biddy de maison en maison avec de la musique et des chansons. Les Biddy Boys portent des masques en tissu, avec des trous pour les yeux et la bouche, et portent une cloche de paille sur la tête.
Ça vous rappelle quelque chose? Oui, c’est à peu de choses près le même cérémoniel qu’à Halloween! Et, tout comme les Straw boys à Halloween, les Biddy boys symbolisent les morts revenants à la vie. Sauf qu’en cette période d’Imbolc, ils représentent l’espoir de la renaissance de la nature, le moment où un chaos nécessaire règne avant que ne recommence le cycle. Pour symboliser ce chaos, les polarités sont inversés: certains hommes se déguisent en femme.
De par ce qu’ils symbolisent, les Biddy Boys sont très importants: leur procession vise à attirer l’abondance pour les futures récoltes, il est donc impératif de bien les recevoir. Les Biddy boys sont accueillis dans les maisons où on leur sert du thé, du whisky, à manger, des œufs ou parfois o leur donne carrément de l’argent. Car n’oublions pas que des morts mécontents sont des morts dangereux! Mais cette générosité tient aussi à l’adage qui veut que tout ce qui sera donné à la Biddy sera rendu sept fois durant l’année. Dans certaines commune, l’argent récolté sert à organiser le Biddy’s ball (le bal de la Biddy).
Brideóg s’effectue autour de la maison, ou du village. L’arrêt aux différentes portes demandent des gestes et des paroles rituelles précises dont le rôle purificateur montre à quelle point cette fête, qui se veut chrétienne car dédiée à une sainte, est en fait fort païenne et rappelle le rôle important de la purification dans la fête d’Imbolc que nous avons évoquée précédemment.
La procession de la Biddy s’achève quand les Biddy Boys reviennent à la maison où a été confectionnée la poupée: elle est alors brûlée dans un feu de joie (preuve encore s’il en était qu’elle représente bien plus le symbole païen du mal expulsé qu’une figure de sainte).
Le repas du St Brigid's day
Pour terminer sur cette veillée, parlons un peu gastronomie… Enfin, c’est peut-être beaucoup dire. L’Irlande traditionnelle et rurale étant très pauvre, les repas, même ceux des fêtes, pouvaient parfois êtres frugaux.
Autant Halloween était l’époque d’abattage des bêtes et assurait la présence de viande au repas de la veillée, autant le 31 janvier se situe à la fin de l’hiver, avant la reprise des travaux des champs, au moment le plus critique pour les familles rurales.
Généralement, on essayait de mettre du lait de côté pour faire du beurre, même si le lait était rare à cette époque: la fête serait vraiment trop pauvre sans beurre.
Le menu du souper dépendait de la région d’Irlande. Dans les comtés où poussent les pommiers, on confectionnait un gâteau de pommes de terre et de farine avec, au milieu, des tranches de pommes sucrées. On retrouve aussi parfois le dumpling d’Halloween.
Si la famille en a les moyens, on cuisine du mouton, de l’agneau, de l’oie ou de la dinde accompagné de Poundies ou Champ, des pommes de terre écrasées avec des oignons et de la crème ou du beurre dans laquelle on plante autant de cuillers que de convives, plus une pour sainte Brigid qui, je vous le rappelle, est censée passer faire un petit coucou.
On confectionne aussi du pudding de riz et, plus exceptionnellement, des crêpes ou des gâteaux.
Ce repas « luxueux » était partagé entre les convives mais, on l’a vu, on laissait du pain et des gâteau sur le seuil de la maison, à la fois pour la sainte lors de son passage, mais aussi pour conjurer les fairies, tout ça dans le but d’obtenir ainsi la fertilité tant attendue.
Le jour du 1er février: entre pèlerinages et interdits
La veillée reste le moment-clé du St Brigid’d day. Le lendemain, 1er février, est la date officielle pour la reprise des travaux des champs mais est surtout marquée d’un grand nombre d’interdits.
Prédire le temps de l'année
En cette période où le retour aux champs est imminent, où, traditionnellement, on considère que le froid va commencer à perdre de sa rigueur, on espère que le temps sera clément pour les cultures et on cherche à connaître le bulletin météo délivré par la nature.
En effet, il existe de nombreuses expressions, adages et sagesses populaires qui prédisent le temps qu’il fera dans l’année grâce aux animaux (hérisson, ours, chauve-souris, escargot, blaireau etc.) ou grâce au temps qu’il fait le 1er février.
En voici un florilège: « Si la Chandeleur est ensoleillée, il y aura deux hivers dans l’année », « Chandeleur chaude et ensoleillée, l’hiver, n’est pas encore terminé », Chandeleur froide et triste emporte l’hiver au passage ».
Vous l’avez compris, si on espère qu’après le 1er février il fera doux pour les cultures, en revanche il est de mauvais augure qu’il fasse beau le jour de la fête de sainte Brigid!
La divination et les pélerinages aux sources
Il existe assez peu d’activités traditionnelles pour le jour du 1er février. Parmi celles-ci on compte la divination. Tout comme la divination d’Halloween, elle est surtout pratiquée par les jeunes gens pour connaître le nom de leur futur.e amoureux.se. Beaucoup de méthodes de divinations sont les mêmes qu’à Halloween mais certaines sont plus typiques du 1er février comme la divination avec les objets en joncs placés sous l’oreiller: une fille enveloppe la roue du rouet avec du jonc et le donne à un garçon qui rêvera de son épouse, un garçon fait une échelle de joncs pour une fille, elle rêvera alors de son époux.
Dans les coutumes du 1er février, on retrouve également le pèlerinage aux sources, activité Ô combien païenne, quand bien même ces sources sont dédiées à sainte Brigid. Il est de coutume de tourner autour de la source, de remplir des bouteilles et de laisser des offrandes: monnaie, vêtement, fleurs… Certaines sources sont réputées pour leurs vertus curatives.
Il existe également des puits dédiés, en général très anciens, près de ruines d’églises ou d’anciens cimetières, où on trouve généralement une pierre et un arbuste, trois éléments qui, dans les anciennes cultures celtes, déterminaient l’espace sacré. On fait le tour du puits dans le sens du soleil (encore une petite habitude de druide) et on laisse également des offrandes: boutons, tissus, cravates, peignes… De nos jours, ce sont plutôt des pièces de monnaie qui sont jetées dans les puits.
Chaque puits, chaque source a ses légendes et draine beaucoup de superstitions: l’eau qu’il ne faut pas boire, le bois de l’arbre du puits qui ne brûle pas… on sent encore l’emprise de la culture préchrétienne dans ces lieux.
Les interdits du 1er février
Bien que le 1er février soit officiellement la date de reprises des travaux dans les champs, ce jour est considéré comme un jour de repos forcé car frappé de beaucoup d’interdits. Il est en effet interdit de toucher à la terre physiquement et symboliquement pour ne pas entraver la fécondation du sol. Ceux qui veulent absolument labourer doivent le faire sans jamais regarder derrière eux.
Ces interdits touchent beaucoup de professions qui ont un lien symbolique parfois complexe avec cette journée: c’est le cas notamment des fileuses. Tout travail avec du fil est interdit, particulièrement pour les femmes prénommées Brigid.
Mais surtout, tout ce qui touche à la roue est frappé d’interdit. Cela vaut évidemment pour le rouet qui permet de filer (et qu’il ne faut absolument pas toucher ce jour-là, même pour le déplacer), mais il ne faut faire tourner aucune roue d’aucune sorte ni même faire le geste d’enrouler ou de dérouler quoi que ce soit. Même le geste de tourner un bâton dans sa main est interdit!
Toutes ces activités ont un lien avec la fécondité qui, si les gestes de la veille ont bien été faits, est en train de se produire. Ces interdits vont parfois assez loin puisque les femmes doivent éviter de peigner leur cheveux ce jour-là. D’ailleurs, nombre d’entre elles allaient cheveux dénoués le 1er février pour éviter de « nouer » la fertilité des champs…
Comme vous pouvez le voir, même si nous n’avons que peu de preuves archéologiques de ce que la fête celte (et sans doute préceltique) d’Imbolc a été, la fête populaire irlandaise de sainte Brigid est loin d’être entièrement christianisée et laisse entrevoir des rituels, des principes qui étaient probablement ceux de la culture que la christianisation a prétendu remplacer.
Toutefois, contrairement à Halloween (le pendant moderne de Samhain), le st brigid’s day a presque entièrement disparu d’Irlande. Seule la croix de Sainte Brigid reste, dernier symbole d’une fête païenne que l’Eglise a échoué a complètement christianiser. Ce sont maintenant les courants spirituels alternatifs modernes, comme la Wicca, qui maintiennent encore une forme de célébration pour le 1er février dont nous parleront dans le prochain article.
Hisae
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Sources
- Véronique Guibert de la Vaissière, Les quatre fêtes d’ouverture de l’Irlande ancienne, Editions Armeline, 2013.
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